Rapport annuel d'impact 2023/2024 est du Canada
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Message de la Directrice principale de l'équité et des programmes nationaux
Le théologien et écrivain anglais John Henry Newman a déclaré: « Vivre,
c’est changer », et cet adage reflète bien l’année 2023-2024 dans l’est du Canada.
Au Canada atlantique et au Québec, nous avons accueilli de nouveaux représentants régionaux : Jonathan Schut, un nouveau venu au MCC, et Zacharie Leclair, au bureau du MCC à Montréal depuis sept ans. Nous avons accueilli Kailey DeBoer dans une fonction administrative et de communication au Québec, et au moment où j’écris ces lignes, à l’été 2024, Zahra Osmani vient de commencer son travail en tant que responsable du programme de migration et de réinstallation, également au Québec. Outre ces changements de personnel, nous accueillons chaque été de nouveaux participants au programme Service au Soleil qui s’investissent dans l’œuvre du MCC et de l’Église. Nos partenaires ne cessent de développer leurs activités et de moduler leur réponse en fonction des besoins sur le terrain, tandis que le cercle des sympathisants engagés dans l’œuvre du MCC dans l’est du Canada s’agrandit.
Les paroles d’Esaïe apportent du baume au cœur et da la stabilité dans une saison de changement. Dieu est avec nous, alors que nous traversons les eaux, que nous marchons dans le feu ; et, de surcroît, Dieu fait quelque chose de nouveau ; Il fraie un chemin dans ce désert et nous accompagne tout au long du voyage. Nous vous remercions de vos prières et de vos encouragements constants, alors que nous tentons de vivre l’amour de Jésus envers tous, en paroles et en actes.
Ruth Plett,
Directrice principale de l'équité et des programmes nationaux, MCC Canada
Mot du représentant régional du MCC au Québec
Cette dernière année a été marquée par une importante transition à la direction du MCC Québec. Après 6 ans et demi de service comme représentant régional du MCC au Québec, Daniel Genest a pris sa retraite. Ses collègues de même que les constituants du MCC Québec ont été nombreux à le remercier et le féliciter de son bon travail dans ce rôle.
J’ai donc l’occasion de m’inscrire à mon tour dans ces pages à titre de nouveau représentant régional pour le MCC Québec. Après 7 années d’expérience au sein du MCC Québec et du Bureau Paix et Justice (axé sur le plaidoyer), j’accueille ce nouveau défi avec joie.
J’ai aussi pu compter sur l’arrivée de Kailey DeBoer au sein de l’équipe du MCC Québec en janvier 2024. Notre nouvelle adjointe en administration et communication se distingue déjà par son esprit de service, son aisance technologique et son amour de l’écriture. L’implantation d’un programme axé sur la migration et le parrainage de réfugiés, ce qui comprend l’arrivée d’une nouvelle personne attitrée à cette tâche, Zahra Osmani, constitue l’un de mes chantiers pour 2024.
Plusieurs catastrophes et conflits ont ponctué l’actualité récente et par le fait même orienté les efforts du MCC à l’international. Vous avez généreusement voulu prêter main forte aux populations vulnérables dans une Éthiopie aux prises avec la sécheresse et la famine, en Haïti ravagée par la crise politique ayant suivi l’assassinat du président Jovenel Moïse en 2021, en Ukraine sous occupation militaÌre russe depuis 2022, ainsi qu’en Palestine et en Israël, pour ne nommer que ces situations.
Nous vous remercions du fonds du cœur de faire route avec nous dans ce monde troublé. Dans la première épître de Paul aux Thessaloniciens, celui-ci invite les croyants à non seulement adopter une attitude de non-violence et de refus de la vengeance (« que personne ne rende le mal pour le mal »), mais aussi à faire œuvre bonne ici comme ailleurs : « cherchez en tout temps à pratiquer le bien entre vous et envers tous les hommes ». Ces paroles constituent le cœur de l’engagement du MCC depuis plus de cent ans. Encore une fois, ce fut notre honneur de pouvoir prendre part à ce ministère du MCC, au nom du Christ, grâce à votre appui.
Zacharie Leclair, Regional Répresentant régional du MCC au Québec
Un autre refrain: la Saskatchewan en route vers la réconciliation
En mai 2023, j’ai eu l’occasion de participer à un voyage d’apprentissage là-bas pour visiter le programme du MCC Voisins Autochtones en Saskatchewan, ce, alors que nous cherchons à développer un programme semblable au Québec, J’ai rencontré des partenaires, participé à des réunions d’organismes œuvrant à la réconciliation avec les Premières Nations, pris part à une cérémonie de partage du calumet et visité une réserve crie experte en horticulture forestière. Mais l’un des moments les plus marquants fut de rencontrer des agriculteurs mennonites et luthériens qui ont accepté d’entrer en dialogue avec des Autochtones qui réclamaient les fermes comme étant leur terre de réserve légitime, appelée
Réserve 107, en vertu du traité numéro 6 de 1876. Frustrés, sans solution concrète, quelques-uns ont néanmoins décidé qu’avant de régler leurs différends, ils tenteraient au moins de bâtir une relation et de reconnaître la réalité historique de la dépossession des terres autochtones. J’ai trouvé impressionnante cette (rare) capacité à rester calme pour se faire artisan de paix.
Les différences entre l’expérience de peuplement dans les Prairies et celle ayant prévalu au Québec sont indéniables. Le Québec fut principalement peuplé au cours des 17e et 18e siècles, donc bien avant la confédération (1867), la Loi sur les Indiens (1876) et la politique des pensionnats qui en découla (et qui eut cours au Québec aussi), et d’une manière plus graduelle et moins systématique que dans les Prairies. À cause de cela, une bonne part du langage utilisé dans le cadre de la réconciliation avec les peuples autochtones (par exemple, la pratique de la reconnaissance territoriale ou l’usage du mot « colon » pour référer aux Canadiens blancs) sonne lourd, culpabilisant, voire inexact aux yeux de nombreux Québécois. Néanmoins, j’ai vu en Saskatchewan plus que de la mauvaise conscience et de l’auto-flagellation; j’y ai vu un mouvement très diversifié fait d’Autochtones, de Métis, de Canadiens blancs, d’immigrants, tous engagés à éliminer le racisme et à poursuivre la réconciliation dans la paix.
Dans une ville de taille modeste comme Saskatoon, environ 115 organismes engagés dans la réconciliation avec les Premières Nations y œuvrent et réagit à un contexte bien connu, dont l’un des effets est la disproportion de la population autochtone dans les prisons canadiennes: plus de 40 % des femmes en prison au Canada sont autochtones (bien qu’elles ne comptent que pour 5 % de la population féminine). En Saskatchewan, le ratio atteint les 90 %. Les gens de cette province y ont répondu en se concentrant sur les causes profondes de ce malaise (l’héritage du colonialisme et de la
dépossession des Autochtones) au lieu de se contenter de répondre à leurs conséquences strictement par la lutte à la criminalité.
Encore plus encourageant, j’ai senti une joie et une excitation de la part des parties prenantes vis-à-vis d’une situation qui, bien que sévère, commence à changer et à produire des fruits de paix et de justice. Depuis la base jusqu’aux cercles politiques, la réconciliation est en marche. Il n’en tient qu’à nous de la vivre ici aussi.
Un webinaire sur le travail de paix du MCC en Palestine et Israël
L’attaque du Hamas sur Israël en octobre 2023, aussitôt suivie des représailles de l’armée israélienne sur la Bande de Gaza, a interpellé les constituants et donateurs du MCC Québec. C’est même à la demande de l’une des Églises des frères mennonites que le MCC Québec a offert un webinaire sur l’historique du conflit israélo-palestinien et sur le travail de secours et de développement de la paix du MCC dans cette contrée depuis 1949. Ouverte à l’ensemble des Églises constituantes, aux donateurs du MCC Québec, ainsi qu’à la communauté étudiante de l’École de théologie évangélique du Québec (ETEQ), la session d’information tenue le 7 novembre 2023 a réuni 56 écrans (pour environ 75 personnes) et fut l’occasion de mieux comprendre les racines et le contexte actuel du conflit, notamment l’injustice de l’occupation des territoires palestiniens par Israël, de dégager des perspectives de paix au milieu de cette violence, et de tourner nos regards et nos prières vers le Prince de Paix, Jésus-Christ. Les contributions financières et l’engagement actif de nos supporteurs nous touchent et soutiennent le travail du personnel et des partenaires du MCC sur le terrain. Merci.
« Même si nous n’avions pas tous la même perspective sur la situation, il y avait un engagement de vivre un dialogue en tant que groupe d’Églises. Je le vois comme un modèle dans la façon d’aborder des sujets difficiles ayant des implications théologiques. »
Zacharie Leclair
Représentant régional MCC Québec
Message du représentant régional du MCC Canada Atlantique
Au cours des dernières années, le MCC a connu de nombreux changements dans la région Atlantique. Le plus récent est mon entrée en fonction à titre de représentant régional en novembre 2023. En dépit de ces nombreuses transitions, une chose n’a pas bronché : l’engagement des Canadiens de l’Atlantique en faveur de la paix et de la justice dans leurs communautés et dans le monde entier.
C’est une joie pour moi de rencontrer des sympathisants du MCC de toute la région qui sont profondément enracinés dans l’œuvre du MCC et
entretiennent des liens de longue date avec lui. Alors que je commence ma mission de représenter le MCC, je me trouve dynamisé par leurs histoires et par leur passion pour cet organisme et son attachement à pourvoir l’aide d’urgence, à promouvoir le développement et à œuvrer pour la consolidation de la paix.
La collecte de ressources matérielles m’encourage beaucoup. J’ai pu voir de mes propres yeux tout l’amour et l’attention sincères portés à la préparation de chaque trousse. Par les échanges avec les donateurs, je constate combien ils sont généreux et conscients de leur propre privilège qu’ils désirent mettre au profit d’autrui. Collaborer avec des partenaires m’ouvre les yeux sur les nombreux organismes efficaces de notre région. Visiter les églises me rappelle qu’œuvrer en faveur de la paix et de la justice transcende les différences confessionnelles, alors que nous sommes
tous engagés à partager l’amour et la compassion de Dieu avec le monde au nom de Jésus.
Ces premiers jours sont un véritable bonheur pour moi. La courbe d’apprentissage est raide, mais c’est un tel privilège d’interagir avec les Canadiens de l’Atlantique et de leur parler de l’œuvre du MCC. J’attends avec impatience ce que l’année prochaine nous réserve !
Jonathan Schut, représentant régional du MCC Canada Atlantique
Événement local, impact mondial
En novembre 2023, deux événements locaux ayant un impact mondial ont eu lieu à Montréal. D’abord, un groupe d’amis s’est réuni chez Ray et Angela
Geurkink pour partager un repas de crêpes et préparer des trousses de secours.
La seconde, Lydianne Ferland, 15 ans, a présenté le travail du MCC en Palestine et en Israël aux membres de l’Église des frères mennonites de Saint-Eustache afin de collecter des fonds. Ensemble, les deux efforts ont permis d’assembler plus de 178 trousses de secours qui seront envoyées là où le besoin s’en fait le plus sentir. En envoyant ces trousses aux personnes
en situation de crise, on leur rappelle de manière tangible que leurs besoins sont importants. Merci de soutenir le MCC!
«Rematriement» ou la «restitution des terres», est un acte puissant de réconciliation et fait l’objet de discussions depuis plusieurs années au Centre Tatamagouche, un partenaire du MCC à Bayhead, en Nouvelle-Écosse. Le Centre de Tatamagouche est un centre d’éducation et de retraite qui invite les gens à rechercher des relations justes, et à respecter la création et la justice dans le monde. «Rematriement» se distingue de rapatriement en ce que le nom met en relief le rôle singulier des femmes qui pilotent le processus de rétablissement des relations entre les peuples autochtones et leurs terres ancestrales.
Lors du rassemblement des sept générations en novembre 2023, les participants ont pris la décision d’aller de l’avant dans le processus de création d’un mode de vie nouveau basé sur les coutumes ancestrales et la spiritualité autochtones. Dans un souci de réconciliation et de maintien de relations justes, le centre de Tatamagouche a entamé le processus de «rematriement» des terres sur lesquelles il exerce ses activités; ces terres seront remises aux Women of First Light, un groupe à but non lucratif dirigé par des femmes autochtones du territoire abénaquis. Le groupe continuera à prendre soin de la terre tout en exploitant et en supervisant la gouvernance du centre. Il s’agit d’un processus de collaboration entre le centre de Tatamagouche, les femmes de First Light et l’Église unie du Canada. Le centre est situé sur la terre des Mi’kmaq, un lieu de rassemblement sacré depuis des siècles. Conformément aux traités de paix et d’amitié signés dans les années 1700, cette terre n’a jamais été cédée ou abandonnée.
Le parcours qui mène au «rematriement» doit passer d’abord par l’établissement de la vérité. Comme l’a dit l’une des mères du clan impliquées dans le processus, «nous en sommes encore au stade de la vérité dans le cadre du processus de vérité et de réconciliation». Pour entamer ce processus dans un esprit de respect, le Centre de
Tatamagouche organise une série de webinaires destinés à mieux faire comprendre la signification de «rematriement» et la manière d’y parvenir pour cultiver des relations plus solides. Lors du premier webinaire en février 2024, les participants ont écouté le Center for Ethical Land Transition, un organisme américain. Cet organisme a apporté des suggestions sur les moyens de faire entendre et de respecter toutes les voix dans le processus. Grâce à votre soutien, le Centre continuera à attirer aux webinaires un éventail de conférenciers et de participants pour approfondir la compréhension du processus de «rematriement» des terres.
La vision du MCC d’un monde peuplé de communautés qui entretiennent des relations justes s’aligne parfaitement avec ce qui se passe au Centre de Tatamagouche. Le «ramatriement» de cette terre permettra aux communautés de se réunir, de partager leurs cultures, d’apprendre et de guérir.
Témoinage du service au soleil: Aaron Raymond
Le programme Service au Soleil constitue une occasion pour de jeunes adultes canadiens de servir pendant 8 à 12 semaines au cours de l’été au sein de leur assemblée et de leur communauté. Cela leur permet d’assumer des projets importants. C’est dans ce contexte qu’Aaron Raymond a œuvré
l’année dernière dans son église d’origine, The Well, à Dartmouth, en Nouvelle-Écosse :
La participation à Service au Soleil fait partie intégrante de mon parcours de disciple de Jésus. Service au Soleil m’a donné l’occasion de découvrir les capacités que Dieu m’a données et de découvrir comment je peux les mettre à profit pour servir autrui.
En tant que jeune croyant, j’ai ressenti un appel à servir le Seigneur. Le programme Service au Soleil m’a permis d’explorer cet appel et de découvrir comment je pourrais servir. J’ai travaillé avec d’excellents mentors qui m’ont encouragé et guidé. J’ai eu la chance de rencontrer des gens de
ma communauté qui m’ont ouvert les yeux sur les souffrances et les difficultés qui m’entourent. J’ai pu nouer des relations avec des personnes de la communauté, relations que j’entretiens toujours. L’expérience du Service au Soleil a joué un rôle clé dans ma décision de poursuivre une maîtrise en théologie. Je travaille actuellement à l’obtention de ce diplôme afin d’être équipé pour servir dans le corps du Christ.
Grâce au séminaire d’orientation de Service au Soleil, j’ai découvert l’histoire du MCC et sa mission. Le MCC accomplit une œuvre incroyable dans le monde entier. Dans de nombreux lieux, le MCC manifeste la compassion du Christ par des initiatives de secours, de développement et de paix. Savoir que d’autres travaillent avec diligence pour apporter la compassion du Christ au monde me motive à poursuivre ma propre vocation. Je serais ravi si mon chemin croisait à nouveau celui du MCC à l’avenir.