L’Église des frères mennonites répond aux besoins en Ukraine

 Ceci est notre tâche, je le crois , d’être une lumière pour le monde »

Image
People receiving emergency supplies in a shelter

Il était facile pour Rostik* de songer à sa propre famille lorsqu’il a rendu visite à une mère élevant seule ses enfants. Son mari était en prison et elle avait besoin d’un soutien supplémentaire pour s’en sortir. La mère de Rostik l’a également élevé seule, lui et ses cinq frères et sœurs, sans aucune source de revenus.

En tant que bénévole de l’Association des Églises des frères mennonites en Ukraine (l’AMBCU), il a rendu visite à cette famille pour lui apporter des fournitures dont elle avait grand besoin, notamment une trousse de secours du MCC et un poêle à bois financé par un autre organisme. Cette mère de quatre enfants vivait dans un village près d’Uzhhorod, dans l’ouest de l’Ukraine, sans eau courante ni électricité pendant le froid de l’hiver. Ils ont reçu une aide du gouvernement ukrainien, mais c’était insuffisant.

Image
A group of three men smiling for a photo
Rostik*, bénévole, Roman, directeur, et Andriy, coordinateur humanitaire, de l’AMBCU, devant un centre d’accueil ukrainien. *Les noms complets des personnes photographiées ne sont pas indiqués pour des raisons de sécurité. Photo MCC/Emily Loewen

Rostik se souvient que dans son enfance, sa mère a également reçu de l’aide de l’État, mais qu’elle était insuffisante pour sa famille. C’est alors que l’Église est intervenue.

« Lorsque j’ai commencé à fréquenter l’église, l’assemblée m’a soutenu et cela a radicalement changé ma vie. Je me souviens de l’influence que l’église a eue sur moi à l’époque, et aujourd’hui je vois les familles qui sont dans le besoin. Si j’ai l’occasion de partager ou de donner quelque chose aux personnes dans le besoin, comme je le fais maintenant en tant que bénévole, je veux le faire. »

L’AMBCU est l’un des partenaires locaux du MCC sur le terrain en Ukraine, un collectif d’églises des frères mennonites à travers le pays qui apportent de l’aide aux personnes dont les vies ont été bouleversées par le conflit. Le directeur d’AMBCU, Roman*, estime que l’Église a un rôle à jouer dans ce contexte.

Il y a la ligne de front militaire dont tout le monde entend parler dans les nouvelles, mais les églises considèrent que leur propre ligne de front consiste à apporter de l’aide et des soins aux personnes déplacées ou ayant subi des dommages à cause de la guerre. « Notre champ d’action, ce sont les soldats, les blessés et les déplacés, » explique Roman, « et ce front, ce champ d’action, durera encore longtemps après la fin des hostilités, c’est un travail de longue haleine. »

Chaque mois, l’AMBCU fournit des colis alimentaires à plus de 200 familles. Les bénévoles ont distribué du matériel de secours et d’hygiène, comme des trousses de secours MCC, des douillettes et de la viande en conserve. Ils ont également commencé à répondre aux besoins psychologiques, en proposant aux enfants déplacés des thérapies équestres, des massages et d’autres formes de soutien.

Image
A man and woman sitting in a shelter
Ihor* et Natalia* vivaient à Mykolaiv avant que leur famille ne se réfugie dans l’ouest de l’Ukraine où ils bénéficient de la nourriture de l’AMBCU. MCC photo/Emily Loewen

Les colis alimentaires réguliers d’AMBCU changent la donne pour les familles déplacées, dont Ihor, Natalia et leurs enfants, qui vivaient dans un village près de Mykolaiv. Au début, ils s’imaginaient être en sécurité, mais lorsque les bombardements se sont intensifiés, ils ont fui vers l’ouest du pays.

Galina, la mère de Natalia, déclare que la nourriture les aide à survivre et qu’ils sont heureux de savoir qu’ils n’ont pas été oubliés. « Nous sommes reconnaissants à tous les bénévoles, aux croyants de tous les pays qui ne sont pas indifférents à notre souffrance en Ukraine et qui nous aident avec ce qu’ils peuvent : des médicaments, de la nourriture, des vêtements ou juste un mot, une prière. Priez pour notre Ukraine et que la guerre prenne fin », demande-t-elle.

L’AMBCU n’en est pas à son premier projet. L’organisme a commencé à fournir de l’aide d’urgence après l’invasion militaire russe de la péninsule de Crimée en 2014. Roman, le directeur d’AMBCU, a passé des années à aider d’autres personnes déplacées. Mais lorsque l’invasion militaire s’est intensifiée l’année dernière, Roman s’est soudain retrouvé en position de bénéficiaire.

Alors que lui et sa famille fuyaient leurs maisons en Zaporizhzhia, des personnes de différentes églises les ont soutenus tout au long du chemin, ce qui lui a rappelé l’impact que peut avoir l’Église. « J’ai connu ce que c’est de ne pas être celui qui donne, mais celui qui reçoit », explique Roman. « Et [grâce à cette expérience], j’ai compris que l’Église n’est pas seulement un bâtiment quelque part où l’on se rend le dimanche. C’est bien davantage. »

« Ceci est notre tâche, je le crois, d’être une lumière pour le monde. C’est la seule façon de ne pas craquer. C’est la seule façon de renforcer notre foi »

Roman

directeur de l’AMBCU

Maintenant installé dans la partie occidentale de l’Ukraine, Roman coordonne à nouveau le travail de l’AMBCU, aidant à organiser des distributions auprès de 20 églises et de neuf centres d’accueil. La ligne de front de la guerre évolue sans cesse, ce qui oblige à adapter régulièrement à la fois les lieux où l’on peut travailler et ce que l’on peut fournir, en prenant toujours des précautions pour assurer la sécurité des bénévoles.

Bien que le travail puisse être dur, pour des personnes comme Andriy, coordinateur humanitaire pour l’AMBCU, c’est aussi un moyen de garder l’espoir en temps de guerre. « Je crois qu’il est essentiel de ne pas perdre espoir dans la période sombre par laquelle nous passons actuellement », explique-t-il. « Savoir que l’on fait réellement quelque chose qui aide les gens est un grand encouragement. Savoir cela vous remonte le moral, vous encourage à vous réveiller chaque jour sachant que vous pouvez aider les autres. »

Pour Roman et les églises d’AMBCU, ce travail est la vocation du chrétien. C’est ce qu’il est censé faire. « Ceci est notre tâche, je le crois, d’être une lumière pour le monde. C’est la seule façon de ne pas craquer. C’est la seule façon de renforcer notre foi », déclare-t-il. « C’est seulement lorsque je réponds personnellement ou que nous répondons en tant qu’Église à la souffrance que nos vies trouvent un sens. »

*Tous les noms sont abrégés ou ne sont pas divulgués pour des raisons de sécurité.