Le Centre Lajee met en lumière la culture palestinienne

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Children playing under a parachute

Pour Sara Ghabbash et Jenan Ajarma, la musique et la danse sont plus que de simples passe-temps.

Dans le cadre d’un projet soutenu par le MCC, les deux adolescentes palestiniennes suivent des cours d’oud (luth à ventre rond que l’on joue partout au Moyen-Orient) et de danse traditionnelle dabka. Ces cours, qu’elles suivent depuis deux ans, leur procurent un sentiment d’identité culturelle et leur permettent d’exprimer une forme créative de résistance face à l’occupation de leur pays.

« Quand je danse, j’ai l’impression de faire partie de mon peuple, de mon héritage », explique Sara, 14 ans.

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Jenan Ajarma, 13, is learning to play the oud (Palestinian guitar) in an after-school music program at Lajee Center in Aida Refugee Camp.
Jenan Ajarma, 13 ans, explique que les chansons qu’elle et d’autres jeunes Palestiniens apprennent à jouer sur l’oud, les résidents plus âgés du camp de réfugiés d’Aida à Bethléem, en Cisjordanie (Palestine), connaissent par cœur. MCC photo/Melita Rempel-Burkholder

Les deux filles ont grandi en aimant le son de l’oud et leurs parents les ont encouragées à suivre des cours. « L’oud fait partie de notre culture et nous pouvons la maintenir en vie en apprenant à en jouer », explique Sara. Elle ajoute que l’oud « prouve que nous existons et que nous avons une culture et des traditions qui nous sont propres, malgré la colonisation de notre pays, et on ne peut pas nous l’enlever ».

Les cours ont lieu au Centre Lajee, un centre communautaire situé dans le Camp de réfugiés d’Aida à Bethléem, en Cisjordanie sous occupation israélienne. Outre la musique et la danse, les jeunes y acquièrent des compétences utiles à la vie, telles que le jardinage hydroponique, l’acrobatie de cirque et divers sports. Son populaire camp d’été, également soutenu par le MCC, apporte de la joie et un but à de nombreux enfants.

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Sara Ghabbash is learning to play the oud (Palestinian guitar) in an after-school music program at Lajee Center in Aida Refugee Camp.
Pour Sara Ghabbash, 14 ans, les cours de dabka et d’oud au Centre Lajee de Bethléem, en Cisjordanie (Palestine), sont un moyen efficace de célébrer la culture palestinienne et de la maintenir en vie. Photo MCC/Melita Rempel-Burkholder

Ces cours et la gamme de services sociaux offerts au Centre Lajee contribuent à atténuer le traumatisme et la peur que suscitent les incursions régulières de l’armée dans le quartier.

Le camp d’Aïda se trouve juste à côté du mur de séparation de 730 kilomètres, connu des Palestiniens sous le nom de : « mur de l’apartheid ». Ce mur sépare les Palestiniens des Israéliens et des autres villes palestiniennes qui sont désormais entourées de colonies israéliennes. Les graffiti et les affiches qui ornent le mur et les maisons du camp racontent des histoires d’emprisonnement et de mort, de détermination et d’espoir.

La création de l’État d’Israël en 1948 s’est faite aux dépens de quelque 710 000 à 950 000 Palestiniens déplacés, selon diverses estimations des Nations unies. Ceux qui ont été chassés de chez eux se sont retrouvés dans des camps de réfugiés disséminés dans les territoires palestiniens et dans tout le Moyen-Orient. Au départ, Aida n’était qu’un ensemble de tentes sur le flanc d’une colline. En sept décennies, le camp s’est transformé en un labyrinthe de rues étroites et d’immeubles d’habitation construits à la hâte. Aujourd’hui, plus de 5 000 personnes s’entassent dans le camp. De nombreux résidents plus âgés ont encore les clés de leur maison et rêvent d’y retourner. 

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From left, Jenan Ajarma, Elena Bilal and Sara Ghabbash all participate in the Dabka dance program at the Lajee Center at the Aida Refugee Camp in Bethlehem, West Bank. They are pictured here in front
Jenan Ajarma (à gauche) et Sara Ghabbash (à droite) en compagnie d’Elena Bilal, danseuse de dabka également, dans la serre hydroponique du Centre Lajee à Bethléem, en Cisjordanie (Palestine). La danse, l’oud et le jardinage écologique ne sont que quelques-unes des compétences que les jeunes Palestiniens peuvent apprendre ici. MCC photo/Melita Rempel-Burkholder.

Jenan, 13 ans, remarque que si ces résidents plus âgés connaissent par cœur des chansons palestiniennes traditionnelles comme « Wein a Ramallah » et « Zarif el Toul », de telles compositions sont souvent nouvelles pour elle et ses camarades. Sara ajoute : « Ces chansons parlent généralement de la Palestine d’autrefois, de différentes villes ou de diverses pratiques traditionnelles. »

Les filles se sont produites en Palestine lors de divers événements culturels et à l’occasion de fêtes telles que la fête des Mères. En septembre 2022, les filles ont pu partager leurs talents de dabka lors d’un voyage dont elles se souviendront toujours. Elles se sont rendues en Irlande, parrainées par des sympathisants de Lajee.

Jenan se souvient du sentiment surréaliste que lui procurait le fait de voyager, pour la première fois en dehors de la Palestine. « Nous avons d’abord dû franchir trois points de contrôle pour entrer en Jordanie [les Palestiniens ne sont pas autorisés à prendre l’avion pour sortir d’Israël] ; puis nous avons passé deux semaines à parcourir l’Irlande sans que personne ne nous arrête. »

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MCC Seek* participants help children with English learning and engage in fun learning of traditional Dabke dancing. 

*Seek is a six-month intentional discipleship program which encourages young adu
Des participants au programme pour jeunes adultes du MCC Seek participent à un cours de danse dabka avec des enfants palestiniens au Centre Lajee de Bethléem, en Cisjordanie (Palestine). Photo MCC/Marc Falconer

Était-elle nerveuse à l’idée de se produire dans un pays étranger ? « Je pensais l’être, mais je ne l’étais pas. J’étais tellement confiante et fière quand les gens souhaitaient connaître notre culture. » Comme le groupe l’a appris, de nombreux Irlandais éprouvent des affinités avec les Palestiniens, compte tenu de l’histoire de leur colonisation par la Grande-Bretagne.

Les jeunes filles espèrent que d’autres jeunes Palestiniens pourront renouer avec leur héritage par le biais des arts. Sara explique : « En dehors de l’oud, on peut apprendre d’autres instruments traditionnels comme le tabla [un petit tambour à main] et le qanun [une cithare de forme trapézoïdale]. Ces instruments jouent un rôle important dans nos chansons, lors des mariages ou même simplement pour modifier l’ambiance d’une rencontre entre amis. C’est pourquoi il est bon d’apprendre à jouer de ces instruments, car cela nous ramène à notre culture et à nos racines. »

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