La Maison de l’Amitié, Tisserande de Solidarité à Montréal Depuis 1973

« Notre rôle est de donner aux gens la possibilité de faire le bien »

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À côte des boutiques et cafés sur la rue Duluth, à Montréal, se niche une bâtisse de brique vaguement cubiste et portant une modeste enseigne blanche. L’entrée est discrète. Une simple porte mène à un petit portique, puis, à la droite, des escaliers te mènent au sous-sol. Si tu fais une pause et écoutes pour un moment, tu entendras différentes langues venant des salles au deuxième étage ou, à travers les bavardages, tu percevras le déchargement des boîtes et le remplissage des sacs au sous-sol. 

Juste à gauche, tu verras le coordinateur du programme d'accueil et de langues, Fernando Ascensio. Quand il te verra venir, il t’accueillera avec un grand sourire, en te disant avec ses yeux « comment est-ce que je peux t’aider aujourd’hui? ». Tu es arrivé à la Maison de l’amitié, une espace pour tout le monde qui vivent dans le voisinage. Bienvenu sur le Plateau Mont-Royal.
 

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Maison de l'amitié
Maison de l'amitié sur rue Duluth à Montréal, photo gracieuseté de Viktoria Matos.

Une programmation ciblée

La Maison de l’amitié a été fondée par l’Église mennonite en 1973 pour répondre aux besoins dans la communauté. Par exemple, le manque de services de garde d'enfants abordables pour les immigrants. Au fil des années, les besoins de la communauté ont évolué avec les changements démographiques, et de nouvelles ressources offertes par la Maison de l’amitié se sont ajoutées aux services de garde : parrainage pour des refugiées, cours de langue, marché alimentaire organique, guérison des traumatismes, une système de partage d’outils, une banque alimentaire, un espace de rassemblement pour les communautés de foi, un programme d’éducation à la culture autochtone pour des étudiants francophones, du logement abordable pour les étudiants, et un fête annuelle pour la journée internationale de la paix.

La directrice actuelle, Dora-Marie Goulet, explique que la vision de la Maison de l'amitié s'est construite sur les valeurs anabaptistes d'engagement dans la communauté et de transformation du quartier par le soutien mutuel, la justice et la paix. En d'autres termes, dit-elle, « mon travail est mon message ».

Le quartier du Plateau à Montréal est bien connu pour ses étudiants, ses artistes, ses touristes et particulièrement pour sa forte et croissante population venue de France. Au premier coup d’œil, le Plateau peut avoir l’air d’une communauté prospère mais en réalité, 1 personne sur 5 est en situation de précarité économique, selon une étude récente de la ville. Dora-Marie souligne que les 80 % restants sont issus de milieux socio-économiques très divers. 

Aussi, dans les quartiers plus pauvres, une certaine solidarité agit naturellement mais dans les communautés affichant une grande disparité de revenu, une telle solidarité est plus rare. Or la Maison de l’amitié est située dans un lieu qui correspond directement à l’un de ses objectifs, qui est de rassembler des personnes diverses et faciliter l'établissement de relations autour de besoins communs tels que l'apprentissage des langues et l’accès à des aliments frais.
 

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Anny Théogène at maison de l'amitié
Anny Théogène, participante à Service au Soleil 2024, à l'extérieur de la Maison de l'amitié. Photo gracieuseté de Dora-Marie Goulet.

Partnering up with MCC Québec

Depuis des années, le MCC maintient un lien avec la Maison de l’amitié. L’été passé, les deux ont collaboré avec le programme de travail estival Service au Soleil. Anny, 18 ans, est arrivé au Canada d’Haïti il y a moins de 5 ans. Sélectionnée pour le programme Service au Soleil de l’édition 2024, elle a commencé son tout premier emploi comme réceptionniste, avec Fernando, et a apporté du soutien aux autres selon les besoins du centre.

Fernando rapporte qu'Anny était avide d'apprendre et d'aider, et que son énergie et son attitude proactive ont été un grand atout pour l'équipe tout au long de l'été. La Maison de l’amitié bénéficie de l'énergie et de l’idéalisme que les jeunes apportent, songe Dora-Marie, des stagiaires comme Anny abaissent la moyenne d’âge et rajeunissent l'ambiance et l'équipe.

La Maison de l’amitié continuera à adapter ses programmes et services selon l’évolution des besoins de la communauté, mais Dora-Marie insiste sur la valeur de l’aide mutuelle, toujours présente et priorisée. Plutôt que de favoriser une dynamique inégale et unilatérale de transfert de dons de charité de ceux qui ont plus de ressources à ceux qui en ont peu, elle propose une alternative. 

L'histoire de la Maison de l'amitié suggère que nous pouvons remodeler nos communautés en formant des liens insoupçonnés de soutien mutuel, en nous engageant les uns envers les autres et en veillant à ce que chacun ait ce dont il a besoin, qu'il s'agisse de nourriture abordable, de cours de langue, d'insertion professionnelle, de relations, et d'un sens à la vie. 

« Notre rôle est de donner aux gens la possibilité de faire le bien », dit Dora-Marie, « nous méritons tous la dignité, tout le monde a de la valeur et a quelque chose à donner et à recevoir ».