De bonnes nouvelles, une grande joie et des biscuits
Avez-vous aussi remarqué que les festivités de Noël semblaient commencer plus tôt cette année ? Je ne suis pas le seul à le penser ; certains commentateurs soulignent l’état d’anxiété qui règne et cela incite à rechercher un peu de réconfort et de gaieté festive avant l’heure. Lorsque le monde qui nous entoure semble incertain, se rassembler autour du sapin avec des biscuits fait figure d’antidote.
Cela me rappelle que le premier Noël était aussi une période effrayante.
La Palestine se trouvait alors entièrement sous l’occupation de l’Empire romain. Les Juifs, dont Marie et Joseph, se sont vus contraints de migrer vers leurs villes d’origine pour se faire recenser. Les gens se déplaçaient. Les chefs religieux ont passé beaucoup de temps à se disputer sur la meilleure approche à adopter, sans pour autant agir. En fait, la majeure partie de l’histoire humaine est marquée par l’instabilité. Toutefois, ce constat n’est guère réconfortant dans les moments d’incertitude que nous vivons actuellement.
Pour la plupart d’entre nous, moi-même inclus, il est bien trop facile de sombrer dans le cynisme ; supposer que les choses ne feront qu’empirer, puis s’enfermer dans des prophéties autoréalisatrices où le seul recours est de redoubler d’efforts et de se réfugier dans le confort ou le magasinage.
Lors du tout premier Noël, lorsque l’ange est apparu dans une explosion de lumière, les bergers étaient terrifiés.
Les premières paroles de l’ange constituent un ordre : « N’ayez pas peur ! »
N’ayez pas peur. Quelle déclaration pour notre monde anxieux et incertain ! Parfois, la lumière des anges n’est pas le point culminant de nos cauchemars trop prévisibles, mais la révélation que notre perception du monde n’est pas tout à fait juste. Cela ne signifie pas que l’horreur est absente ou que la tragédie ne se déroule pas autour de nous et au-dedans de nous.
L’ange poursuit : « N’ayez pas peur, car je vous annonce une bonne nouvelle, celle d’une grande joie ». Non seulement les bergers doivent dépasser leur peur, les anges les invitent également à repenser leur vision du monde. Au cœur de l’obscurité bien réelle, la bonne nouvelle du réconfort et de la joie est présente, incarnée de la manière la plus inattendue et la plus précaire qui soit dans un tout petit bébé.
Le message de Noël sur lequel je me concentre cette année est celui que les anges ont chanté aux bergers ; ne pas laisser la peur et l’anxiété m’aveugler devant les bonnes nouvelles et les présages de grande joie qui se produisent, peut-être dans la grange d’à côté. Je veux regarder le monde avec des yeux centrés sur Jésus. Malgré les difficultés bien réelles, j’aimerais percevoir ce qui pourrait être bon et joyeux, et être rassurée par le fait que Dieu reste à l’œuvre de manière réelle et souvent surprenante dans le monde qui m’entoure.
C’est dans cet esprit que je me suis lancé le défi de passer en revue l’année écoulée avec des yeux remplis de bonnes nouvelles. À l’instar d’un bébé qui incarne à la fois le présent et la possibilité du changement pour l’avenir, j’essaie de prêter attention aux bonnes nouvelles du présent et aux germes d’espoir pour l’avenir. Voici quelques éléments qui viennent à l’esprit :
- L’accueil cette année de nouveaux membres au sein de notre équipe Paix et Justice. Ce renouvellement permet d’envisager les possibilités de renforcer le travail de plaidoyer en faveur de la paix, de la justice et de la dignité humaine aujourd’hui et à l’avenir.
- Les milliers de lettres que vous avez envoyées à propos de Gaza et la lente évolution des positions du gouvernement canadien. Alors que l’horreur se poursuit, figurent également la sollicitude, la compassion et la solidarité, créant ainsi des perspectives de changement. Paradoxalement, l’attention renouvelée que porte la communauté internationale aux violations des droits de l’homme nous rappelle l’importance que revêt ce principe pour chacun d’entre nous. · L’adoption du projet de loi C-266, qui vise à lutter contre le racisme environnemental et à promouvoir la justice environnementale.
- Les directeurs généraux du MCC se sont rendus à Ottawa en mai dernier. Ils ont entendu des députés de tout l’éventail politique parler du rôle important que jouent les anabaptistes en tant qu’artisans de la paix au Canada. · Les partenaires du MCC au Myanmar vivent et travaillent dans des zones de combat actives. La bonne nouvelle est qu’ils ont pu se réunir au Cambodge pour une retraite d’une semaine. Le thème de la rencontre était « Garder espoir dans les moments difficiles ». Les partenaires ont pu se retrouver dans un lieu sûr pour se détendre, être écoutés et reprendre des forces pour continuer à servir.
- Chaque demande de parrainage d’une famille de nouveaux arrivants et la transformation mutuelle qui peut en résulter. · Les réunions mensuelles du Groupe de travail de la Conférence Mennonite Mondiale pour la protection de la création, qui permettent aux églises du monde entier de s’équiper et de se donner les moyens d’agir en faveur du climat.
- Les conférences de la paix, les camps de la paix, les jeux de la paix, les trains de la paix et les médias sociaux de la paix.
- Au niveau mondial, l’investissement dans les énergies propres a dépassé les combustibles fossiles. En fait, l’énergie renouvelable est désormais moins chère que le charbon et le gaz dans la plupart des grands pays.
- Le soutien que vous apportez au MCC, en nous envoyant des courriels et des affirmations, en organisant des événements, en utilisant notre carte postale sur le climat, en parlant du climat et en pratiquant la paix, en faisant des dons à notre programme et en nous demandant de mener davantage d’actions de plaidoyer.
Les bergers ne se contentèrent pas du sentiment d’émerveillement ou de réconfort. Après le départ de l’ange, ils se rendirent à l’étable. Ils adorèrent, puis ils répandirent la bonne nouvelle dans un monde encore en proie à la peur et à l’anxiété.
Il ne suffit pas d’entendre une bonne nouvelle pour éprouver une grande joie. La joie profonde se trouve dans les actions que nous entreprenons, les uns avec les autres, et qui nous transforment pleinement en porteurs de l’Évangile, à mesure que nous apprenons à percevoir le monde autrement.
La peur et l’incertitude sont bien réelles, mais notre vocation est d’être porteurs de bonnes nouvelles au milieu de la crainte.
En cette période de Noël, passons du temps avec nos proches à faire le plein de réconfort et de joie, peut-être autour d’un sapin avec des biscuits. Ce faisant, ne perdons pas de vue la bonne nouvelle bien réelle qui agit en nous et dans le monde qui nous entoure, et interrogeons-nous pour savoir comment nous pouvons y participer.