500 ans d’amour
Construire une communauté partagée, enracinée dans le courage d’aimer, une rencontre à la fois.

Lors de la célébration des 500 ans de l’anabaptisme, alors que je déambulais dans les rues à Zurich, je n’ai cessé de chercher du regard des personnes portant des autocollants verts, identifiants des participants aux célébrations. Ces autocollants étaient difficiles à manquer, car des milliers de mennonites remplissaient le centre historique de la ville. Chaque fois que je reconnaissais un groupe, je souriais, je faisais un signe de la main et j’appelais « Bonjour, Mennonite! »
Aussitôt, les gens souriaient, répondaient par un signe de la main et engageaient souvent une brève conversation. D’où venez-vous? Quels liens entretenez-vous avec cette communauté mondiale? Le plus souvent, nous découvrions quelqu’un que nous connaissions tous les deux ou un lieu que nous avions visité.
C’était beau d’observer de manière tangible que nous participions à quelque chose de bien plus grand que nous-mêmes, et de voir notre foi et notre héritage exposés de manière si publique. Cinq cents ans après le début du mouvement anabaptiste à Zurich marqué par la douleur et la persécution, on fêtait mon identité et ma communauté. Une courtepointe avec une croix cousue était suspendue à l’entrée d’une église zurichoise, tandis qu’une chorale indonésienne chantait « La véritable foi évangélique » en indonésien. Lors de la célébration centrale dans l’église de Grossmünster, des membres des Églises luthérienne et mennonite se sont lavé publiquement les pieds en signe de réconciliation et de pardon. À la fin de la célébration, lorsque nous sommes sortis de l’église où Ulrich Zwingli aurait ordonné la mort des premiers anabaptistes, les cloches des églises de la ville se sont mises à sonner en l’honneur de notre mouvement. Je suis repartie émue par tout ce que nous avons partagé.
En terminant la journée, cependant, je me suis rappelé que nous étions tous mennonites, mais aussi humains. Dans le bus qui nous ramenait à notre hôtel en Allemagne, j’ai partagé mon siège avec une marionnette géante de Menno Simons; on s’en était servi pour certaines activités de jeunes durant la journée. L’absurdité que représentait ce compagnon de siège m’a enchanté. Mon premier réflexe était d’en parler à tous ceux que je connaissais; toutefois, il n’y avait qu’un nombre limité de personnes susceptibles de comprendre les particularités surprenantes de mon texte et de ma photo, et la plupart d’entre elles se trouvaient déjà avec moi. Pourtant, alors que le bus quittait la ville et que les cloches de l’église sonnaient encore, j’ai tout de même envoyé le message. J’étais persuadée que ma joie serait contagieuse, même si mes proches ne comprendraient pas le contexte. À ce moment-là, le simple fait d’être humain et de partager quelque chose de joyeux m’a semblé plus important que le fait d’être mennonite.
La célébration du 500e anniversaire a été placée sous le signe du courage d’aimer. Le secrétaire général César García a souligné le choix qu’ont effectué les premiers anabaptistes, voici un demi-millénaire; celui de rejeter la violence face à la persécution et d’aimer leurs ennemis. « Pour eux, le courage d’aimer, rendu possible par l’action de l’Esprit-Saint, était l’unique chemin vers une nouvelle humanité », a-t-il déclaré.
En compagnie de Menno Simons, sur le long trajet de retour, j’ai réfléchi. Je n’ai pas besoin d’un autocollant vert pour crier ma volonté d’entrer en contact avec ceux qui m’entourent. J’aime célébrer ce qui rend les mennonites uniques, et j’aime aussi explorer ce que je partage avec toute personne, quelle que soit notre origine. Au-delà du fait d’être mennonites et indépendamment de la foi ou de l’origine culturelle, nous partageons tant de choses en tant qu’être humain!
Une humanité fondée sur l’amour commence par la perception de l’autre en tant qu’être humain.
Depuis mon retour de Zurich, je suis plus attentive aux signes d’humanité d’autrui, et pas seulement aux expressions familières. En me promenant dans ma ville, j’ai remarqué des sourires entre passants et de petites attentions exprimées par des inconnus qui s’entraident à l’épicerie. Dans mon travail de plaidoyer, c’est un plaisir de recevoir des courriels de personnes prêtes à signer des lettres de plaidoyer en faveur de personnes qu’elles n’ont jamais rencontrées; de rencontrer des députés qui veulent voir le Canada jouer un rôle positif dans le monde, et de participer à des groupes de travail composés de personnes différentes de moi qui travaillent pour atteindre les mêmes objectifs.
Voici donc mon invitation pour ce mois-ci : recherchons l’humanité et l’appartenance commune de chacun, et la manière dont cette humanité et cette appartenance complètent ou même dépassent parfois nos autres identités. Il est beau de célébrer le caractère unique de nos communautés et de nos identités individuelles. Toutefois, lorsque nous le faisons, soyons attentifs à la manière dont ces célébrations peuvent nous encourager à élargir notre champ d’action à ce que nous partageons tous. Et lorsque vous remarquez quelque chose, célébrez-le! Remerciez quelqu’un pour ses actions. Dites à quelqu’un d’autre ce que vous avez remarqué.
Construisons une communauté partagée, enracinée dans le courage d’aimer, une rencontre à la fois.
Bonjour, humain!
Questions de réflexion :
1. Pouvez-vous vous souvenir d’un moment où vous vous êtes senti profondément lié à quelqu’un en dehors de votre communauté, que ce soit par sa gentillesse, sa vulnérabilité ou une expérience partagée? Comment cela a-t-il reflété l’amour de Dieu?
2. À quoi ressemble « le courage d’aimer » pour vous aujourd’hui? Y a-t-il des situations où il est difficile d’aimer, et comment la foi pourrait-elle vous aider à réagir autrement?
3. Comment pouvons-nous, en tant que communauté de foi, célébrer nos identités uniques tout en bâtissant des ponts vers les autres? Quelles pratiques peuvent nous aider à développer l’empathie et la connexion?