Rouler à vélo : une action pour le climat et pour la paix

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A group of cyclists biking down a country road beside a field of cows. The lead cyclist waves at the camera.

Je me rends au bureau du Comité central mennonite (MCC) à Ephrata, en Pennsylvanie, à vélo (la vidéo est en anglais). Les terres agricoles vallonnées du comté de Lancaster offrent de vastes panoramas ainsi que des petits veaux aux poils frisés. La voie ferroviaire transformée en sentier pavé est paisible, bordée d’arbres et offre un peu de fraîcheur par temps chaud. J’ai beaucoup de plaisir à saluer les mêmes usagers du sentier chaque matin. J’éprouve une joie et un sentiment d’appartenance particuliers lorsque je me déplace à vélo (ou en bus) avec d’autres collègues du MCC. Lorsque j’arrive au bureau, 24 kilomètres plus tard, je suis une meilleure version de moi-même.

J’ai grandi dans la tradition mennonite américaine et j’apprécie la façon dont les anabaptistes valorisent la paix et la non-violence, la communauté et la réconciliation. En tant que disciples de Jésus, nous sommes appelés à vivre de manière constructive, pacifique et en interdépendance avec le monde naturel (voir Genèse 1.26 ; Genèse 2.15). Je crois que mon engagement en faveur de la consolidation de la paix anabaptiste doit s’étendre à tous les domaines de la vie, y compris les aspects aussi routiniers que les modes de transport.

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Laura Pauls-Thomas, communications director for MCC East Coast, poses with her bicycle and a sign that says, “Riding your bike is direct climate action” at the Lancaster County Climate Summit on E
Laura Pauls-Thomas, directrice de la communication du MCC côte Est, pose avec son vélo et un panneau indiquant « Rouler à vélo, c’est agir directement pour le climat » en avril 2023. Avec l’aimable autorisation de Laura Pauls-Thomas

Rouler à vélo et la consolidation de relations justes

Lorsque je pense à la consolidation de la paix, je pense à des relations justes. Au MCC, nous imaginons des communautés dans le monde entier qui entretiennent des relations justes avec Dieu, les uns avec les autres et avec la création. Pédaler à vélo me permet de me trouver en bonne relation avec Dieu, les gens et la terre qui m’entoure. C’est le geste qui accompagne mes paroles et qui apporte crédibilité et intégrité à mon plaidoyer en faveur du climat.

Lorsque je circule à vélo, je suis à la fois plus consciente de la création de Dieu qui m’entoure et plus reconnaissante. La stabilité de mes jambes qui tournent me met dans un état de calme et de réflexion. Rouler à vélo me met en contact direct avec la création de Dieu et c’est une forme de communion avec Dieu. Je suis reconnaissante pour le corps que Dieu m’a donné et pour tout ce qu’il est capable de faire. J’éprouve tout particulièrement la présence de Dieu lorsque les oiseaux volent à mes côtés ou lorsqu’un renard s’élance sur le chemin devant moi au crépuscule.

Rouler à vélo m’aide à entretenir de bonnes relations avec les autres. Lorsque je fais du vélo, je me sens plus ouverte et plus proche des gens et des communautés qui m’entourent. J’aime échanger des salutations avec les passagers amish à l’intérieur des buggys lorsque je pédale dans la campagne. Lorsque je roule en ville, je peux m’arrêter rapidement et aisément saluer un ami cher qui promène son chien sur le trottoir.

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MCC East Coast Communications Director Laura Pauls-Thomas in a  52-mile bike ride in Pennsylvania's Lancaster County in July 30,2022.
 
The ride was one of several Tour de Thrift bike rides organize
Laura Pauls-Thomas, directrice de la communication du MCC côte Est, sourit pour une photo lors d’une randonnée à vélo de 84 km ; il s’agit du « Tour de Thrift » du MCC côte Est, dans le comté de Lancaster, en Pennsylvanie, le 30 juillet 2022. MCC photo/Christy Kauffman

Lorsque je me déplace à vélo, mon esprit se sent ouvert, curieux et vibrant. Lorsque je conduis ma voiture, je me sens pressé, impatient, imbu de ma personne et en compétition avec les autres usagers de la route. Je m’offusque trop facilement lorsque quelqu’un me coupe la route ou n’utilise pas son clignotant. Je deviens une personne que je ne souhaite pas être. Cela vous semble-t-il familier ? Pour certains psychologues, les automobilistes subissent une transformation psychologique et sociale lorsqu’ils sont au volant. Je ressens ce phénomène comme un sentiment d’isolement et d’indifférence à l’égard des autres usagers de la route. Je deviens une version de moi-même que je ne souhaite pas.

Rouler à vélo m’aide à me trouver en bonne relation avec la création également. C’est une manière douce de se déplacer. Le vélo n’émet pas des gaz qui nuisent à l’environnement ou polluent l’air ou l’eau. Il ne rejette pas de particules nocives et incontrôlées provenant des freins et des pneus qui contiennent des substances cancérigènes et provoquent des maladies cardiaques et pulmonaires. Mon vélo est alimenté par des collations et de l’eau plutôt que par des combustibles fossiles qu’on extrait et exploite.

Au fil des ans, je me suis rendu compte que rouler à vélo peut devenir un moyen de servir le monde qui nous entoure. Une étude publiée dans le numéro de novembre 2023 du Journal de psychologie environnementale  a analysé le mode de déplacement des gens. L’étude révèle que les personnes qui optent pour le vélo sont plus susceptibles d’adopter d’autres comportements qui contribuent au bien commun : la participation politique, l’engagement dans divers organismes sociaux, la solidarité entre voisins et le bon voisinage. Selon l’étude, rouler à vélo favorise l’engagement en faveur du bien-être de la communauté.

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A group of cyclists standing in front of a US government building speaking to a government official
Quatre cyclistes de Climate Ride rencontrent le sénateur Todd Young (R-Ind.) au Capitole, le 28 juillet 2021. Ils ont passé deux mois à rouler de l’État de Washington à Washington, D.C., afin de s’informer et de sensibiliser les gens au problème du changement climatique. Le MCC photo/Tammy Alexander

Rouler à vélo met des roues à mon plaidoyer

Le vélo est mon « témoignage concret » qui confère de l’intégrité à mes activités de plaidoyer en faveur du climat. Six ans après le début de ma carrière professionnelle, je suis connue dans ma communauté comme quelqu’un qui connaît bien la question de la justice climatique et qui en parle avec passion. J’ai participé à des marches et à des manifestations, j’ai rendu visite à mes élus, j’ai écrit des lettres au rédacteur en chef, etc. Cependant, ce qui prouve mon engagement en faveur de la justice climatique à ma communauté et à mes élus au quotidien, c’est mon dévouement à la bicyclette ; c’est une action modeste, mais directe en faveur du climat même quand cela n’est ni pratique ni confortable.

En 2021, j’ai eu l’occasion de me joindre à un groupe de jeunes pendant les cinq derniers jours de leur périple à vélo à travers le pays. Il s’agissait du Climate ride, organisé par le Centre de solutions durables, désormais connu sous le nom d’Anabaptist Climate Collaborative. Ces défenseurs du climat et moi-même avons rencontré nos élus au Capitole l’après-midi même de la fin de notre périple. Nous avons plaidé en faveur de mesures de justice environnementale dans le cadre du paquet bipartisan sur les infrastructures, adopté par la suite.

Je vous garantis qu’un groupe de jeunes cyclistes en transpiration et couverts de poussière défendant une législation liée au climat a été mémorable et convaincant pour ces législateurs et leur personnel. Ces jeunes ont parcouru plus de 5 950 kilomètres depuis Seattle pour participer à cette conversation.

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A group of climate advocates from Lancaster, Pa. met with Senator Fetterman (D-Pa.)'s office on August 2, 2023 to advocate for responsible mining of critical minerals and support for international cli
Des stagiaires du MCC et des électeurs de Lancaster, en Pennsylvanie, plaident en faveur de politiques climatiques justes avec un membre du personnel du bureau du sénateur Fetterman (D-Penna.) à Washington D.C. en août 2023. MCC photo/Laura Pauls-Thomas

Ce sont nos actions et non nos paroles ou nos prêches qui forment notre foi et notre témoignage en tant qu’anabaptistes. Nos actions et nos décisions, y compris des gestes simples tels que le trajet quotidien au travail, donnent de l’intégrité à ce que nous croyons, prêchons et défendons. C’est ce qui fait avancer notre ministère de la réconciliation.

Je ne m’attends certes pas à ce que tout le monde devienne un fervent adepte de vélo. En revanche, je crois que chacun peut trouver une activité qui donne de la crédibilité à son action en faveur du climat. Il peut s’agir de soutenir le magasin d’occasion local du MCC, de prêcher, de jardiner ou d’élever des enfants pour qu’ils aiment la terre de Dieu et sauvegardent la création. Les histoires, les idées et les souvenirs que vous tirez de ces petites actions régulières sont autant de sources de récits convaincants à partager lors des réunions de plaidoyer avec les élus ou des conversations avec vos voisins.

Partout dans le monde, les partenaires du MCC œuvrent pour aider les populations à s’adapter aux défis du changement climatique. Le changement climatique aggrave les situations déjà difficiles. Il faudra la contribution de chacun, avec les intérêts et les compétences qui lui sont propres, pour faire face à la crise climatique ; il y a autant de façons uniques d’exercer une influence positive. L’action autant individuelle que collective est importante. Je roule à vélo et j’emprunte les transports en commun aussi souvent que possible, et je m’associe à d’autres pour défendre les causes profondes de l’évolution du climat.

La campagne Climate Action for Peace (une action pour le climat et pour la paix) du MCC agit en faveur d’une paix juste et durable qui démantèle et transforme les structures d’injustice. Certaines structures d’injustice contribuent à l’impact inégal du changement climatique dans le monde. Visitez le site ClimateActionForPeace.com (site en anglais) pour entreprendre une action de plaidoyer. Vous pouvez contacter vos représentants, vous inscrire à la lettre d’information, prendre un engagement à agir pour le climat et en savoir plus sur la manière dont le MCC intervient pour le climat et pour la paix.

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Laura Pauls-Thomas est directrice de la communication du Comité central mennonite, côte Est. Elle vit à Lancaster, en Pennsylvanie, avec son conjoint, Andrew, et passe son temps libre à promouvoir les réseaux de pistes cyclables accessibles et sécuritaires et des moyens de transport actifs dans sa communauté. Laura est membre de East Chestnut Street Mennonite Church (ECSMC), une assemblée qui fait partie de la Conférence côte Atlantique de l’Église mennonite des É.-U., où elle est membre du comité « Creation Care » (Protection de la création). Laura coordonne le programme « Creation Care Commute » qui encourage les croyants à se rendre à l’église à pied, à vélo ou en covoiturage le troisième dimanche de chaque mois. L’une des activités préférées de Laura au sein de l’ECSMC est l’organisation d’un Vélo-Bus intergénérationnel mensuel, au cours duquel plusieurs familles se rendent ensemble à l’église à vélo.
 

Sources
[1] Harald Schuster et. al., FernUniversitat à Hagen, en Rhénanie-du-Nord–Westphalie